Des "insoumis" à réunir pour la gagne

Publié le par Laute Alain

JLM2017, course en tête

JLM2017, course en tête

Législatives : la France insoumise,

le Parti communiste aussi

Regards.fr le 23 janvier 2017

Alors que les derniers sondages créditent Jean-Luc Mélenchon de 14% à 15% des intentions de vote, les tensions s’accroissent entre la France insoumise et les anciens partenaires du Front de gauche autour de l’enjeu des législatives.

 

L’accord national qui permettrait de rêver à une large présence de députés de la gauche de gauche sur les bancs de l’Assemblée est bien mal engagé. Mais rien n’est encore joué et des discussions entre les différentes organisations politiques doivent se tenir dans les prochains jours.

Déjà en 2012, les candidats du Front de gauche étaient partis en ordre dispersé, chacun son slogan, chacun sa campagne. Ils partirent 20, arrivèrent à 9. Pour la France insoumise, ce manque de continuité entre la campagne présidentielle et les campagnes législatives explique la contre performance.

Accord national ou accords au cas par cas ?

« C’est pour cette raison que nous avons créé le mouvement de la France insoumise et que nous proposons à l’ensemble de nos partenaires et soutiens un cadre et une charte des candidats pour mener une campagne unitaire et cohérente sur l’ensemble du territoire », explique Leila Chaibi, en charge des relations avec les partenaires extérieurs pour Mélenchon.

Et elle ne désespère pas de convaincre le plus grand nombre. À commencer par les communistes : « C’est le sens de la réunion que nous aurons ce lundi soir avec Pierre Laurent. Nous lui poserons la question : veut-il un accord national – et dans ce cas nous discuterons du cadre commun de campagne –, ou bien envisage-t-il comme en 2012 des accords au cas par cas – tantôt avec la France Insoumise, tantôt avec EELV ou même le PS ? »

Une stratégie à géométrie variable jugée inacceptable pour le mouvement de Mélenchon. De son côté, le PCF a fait le choix d’une campagne autonome pour l’élection présidentielle et celui de poursuivre le débat en toute indépendance sur les sujets de fonds sujets à controverses – la politique internationale, l’Europe, les migrants, etc. – tout en soutenant le candidat Mélenchon. Le PCF ne souhaite pas « rallier » la France insoumise et il n’a jamais envisagé de signer la charte des candidats aux législatives – ce qui est un préalable pour être investi et labellisé France insoumise.

Éviter les affrontements

« Autonome ne veut pas dire pour autant que l’on s’apprête à faire une campagne autour du culte de la différence », se défend Marie-Pierre Vieu, membre du Conseil national du PCF, tout en poursuivant : « Jean-Luc Mélenchon est le meilleur candidat pour l’élection présidentielle, cela ne fait aucun doute. Mais un accord national entre le PCF et la France insoumise ne veut rien dire. Si l’on refuse de parler avec la gauche des écologistes et des socialistes, c’est-à-dire ceux qui se sont battus contre l’État d’urgence ou la loi Travail, on va dans le mur. Nous devons créer les conditions d’un rassemblement large et dépasser le seul cadre de la France insoumise et du Front de gauche ».

Les enjeux financiers ne sont pas étrangers aux tensions qui entourent le débat sur les législatives. Mais c’est l’ambition affichée de la France insoumise de présenter 577 candidats qui fait principalement grincer des dents les ex-partenaires du Front de gauche. À commencer par les députés sortants. La France insoumise récuse l’accusation de vouloir tirer toute la couverture et affirme avoir déjà investi des candidats communistes et/ou issu du mouvement Ensemble. Ils représentent toutefois à peine 10% des 120 candidats désignés.

« C’est marginal », reconnaît Leila Chaibi. « Nous devons continuer à discuter, insiste l’ancienne activiste de L’Appel et la pioche. Ce serait une énorme connerie d’avoir des candidats de la France Insoumise face à des candidats du PCF et/ou inversement ».

Respecter les sensibilités

Avec des candidatures en ordre dispersé, c’est toute la dynamique de campagne qui serait fragilisée. « Il faut tenir compte des particularités locales. J’ai confiance dans notre capacité, localement, à faire émerger des accords. Nous saurons nous accorder pour mener une campagne cohérente. Et s’il ne fait aucun doute que Jean-Luc Mélenchon est porté par la France insoumise, il faut que le PCF et Ensemble puissent en être dépositaires, par souci d’efficacité », insiste Marie-Pierre Vieu.

Le mouvement Ensemble entend d’ailleurs obtenir la création d’un "comité de liaison" pour faire exister et respecter la diversité des sensibilités politiques de ceux qui soutiennent la candidature de Jean-Luc Mélenchon. « Nous sommes prêts à en discuter, mais visiblement le PCF ne le souhaite pas », croit savoir Leila Chaibi. « Pas de faux procès », lui répond Marie-Pierre Vieu : « Ce cadre est nécessaire, ne serait-ce que parce qu’il y aura un avant et un après primaire tout comme il y aura un avant et un après présidentielle. Le courant de la gauche de transformation peut et doit encore s’étoffer », conclue-t-elle.

En toile de fond, après les échéances à venir, se joue aussi la question de la reconstruction à la gauche de la gauche et celle du leadership. Et s’ils sont nombreux à penser que Jean-Luc Mélenchon sera le neuvième – et dernier – président de la Ve République, d’autres anticipent un tout autre scénario. Celui d’une gauche atomisée. Un scénario suffisamment crédible pour ne pas avoir à insulter l’avenir, préviennent-ils.

 

Publié dans Politique

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