Montebourg et Varoufakis à la fête de la rose (PS)

Publié le par Laute Alain

Construire une autre gauche sans se passer du Parti de Gauche et du Front de Gauche...si possible.

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Montebourg et Varoufakis plaident pour l'«euro-démocratie» contre l'austérité

23 août 2015 | Par julien sartre (Médiapart extraits).

"En invitant l’ancien ministre des finances grec à témoigner lors de sa traditionnelle « Fête de la rose » de Frangy, Arnaud Montebourg s’est présenté comme un recours pour la gauche face à une Europe libérale et « antidémocratique »....

...En 2014, la « Fête de la rose » de Frangy et les prises de position tranchées qu’il y avait adoptées avaient coûté son poste de ministre à Arnaud Montebourg ainsi qu'à Benoît Hamon. Cette année, l’ancien ministre de l’économie de Manuel Valls n’est plus au gouvernement. Il n’assume même plus de fonction élective, tout occupé qu'il est par la société Habitat, mais il a réussi un coup : faire venir Yanis Varoufakis dans son fief de Bourgogne.

« C’est un témoin important, les Français ont le droit de savoir ce qui s’est passé et pourquoi il a échoué », lance-t-il de la manière joviale qui est la sienne, en arrivant à Frangy-en-Bresse aux côtés de l’ancien ministre grec des finances. Cette journée qui fait traditionnellement office de pré-rentrée politique avant l’université d’été du PS à La Rochelle pourrait d’ailleurs se résumer à cette déclaration d'intention : la belle photo des deux anciens ministres de l’économie, accompagnée du témoignage minutieux de Yanis Varoufakis. Le matin, déjà, l’économiste grec s'était fait photographier aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, lors d'une rapide rencontre près de la gare de Lyon, à Paris....

...Pour Arnaud Montebourg, il s’agissait avant tout de persister et signer après ses prises de position contre la politique économique du gouvernement de Manuel Valls, en août dernier. Lors de la dernière Fête de la rose, il avait appelé à ce qu’il décrit lui-même comme « une inflexion de la politique économique » et une résistance volontaire aux vues d’Angela Merkel sur le sujet européen. Aujourd’hui, même s’il prend la précaution de rappeler qu’il faut « travailler avec les partenaires allemands », le chantre du « redressement productif » critique toujours « l’idéologie de la droite allemande qui est une extrémiste de la dette et vise à la destruction du modèle social-démocrate »....

...Arnaud Montebourg se dit ulcéré par la façon dont « les décisions, les mesures d’austérité injustes, sont prises sans les peuples. L’Allemagne et la commission européenne ont mis la dette au premier plan, sans aucun résultat et personne ne répond de cela ! Les Grecs ont voté non le 5 juillet, les Français avaient voté non en 2005 et il n’y a eu aucune conséquence. Nous ne sommes plus dans une démocratie mais dans une oligarchie ! » La zone euro est « devenue un triangle des Bermudes pour le suffrage universel où toutes les décisions populaires et référendaires se perdent, disparaissent englouties », ajoute-t-il....

...Pour pouvoir continuer à exister politiquement, Arnaud Montebourg se ménage un espace à la gauche du PS voire une place d’opposant de premier ordre à la politique du président. Tout en faisant mine de s’interroger : « Certes il faut un gouvernement économique de la zone euro [comme le propose François Hollande], mais de quelle nature ? Sera-t-il démocratique ? Un parlement de la zone euro, c’est une très bonne idée, mais pourra-t-il nommer le président de l’Eurogroupe et contrôler son action ? »

L’ancien ministre de l’économie, qui demande que soit mis fin à l'indépendance de la banque centrale européenne, va jusqu’à critiquer l’action de Michel Sapin, lors des négociations avec l’Eurogroupe. « J’ai ressenti une France complexée et silencieuse, alors qu’elle défendait l’intérêt général européen. » Une position largement partagée par Yanis Varoufakis, remonté contre les « élites françaises, autant à blâmer que les élites allemandes ».

Un « mouvement commun européen »

L’économiste grec est là pour témoigner. Il s’est donné pour objectif de faire comprendre aux Français la violence des institutions européennes, des banques et du FMI. « Il n’était pas question pour les créanciers de récupérer leur argent, ils voulaient plutôt humilier le peuple grec afin de vous envoyer un message et d’en finir avec le modèle social français », répète-t-il inlassablement, alors que la pluie s’intensifie à Frangy-en-Bresse et que le public face à lui se fait de plus en plus clairsemé.

Dans un long discours où il retrace les différents rounds de négociations auxquels il a participé, avant de détailler ses relations houleuses avec celui qu’il appelle « le Dr Schäuble », Yanis Varoufakis veut insister sur un point : « Il ne s’agissait pas du tout de sauver la Grèce mais uniquement de permettre plusieurs renflouements bancaires successifs. La Troïka nous a acculés au bord de la falaise et nous a poussés, parce qu’elle avait peur que notre gouvernement puisse réussir et envoyer à l’Europe tout entière le message que des élections peuvent changer les choses. » « C'était une capitulation pour notre gouvernement mais surtout une grande défaite pour la démocratie en Europe », a déclaré l'ex-ministre grec. « Notre printemps d'Athènes a été écrasé, comme le printemps de Prague. À la place des chars, c'était des banques. »...

..« Nous n’avons pas besoin d’un nouveau parti, nous devons travailler avec les institutions existantes et les réorienter dans le sens de l’intérêt général européen », botte en touche Yanis Varoufakis. Avant d’appeler très solennellement à « la formation d’un réseau paneuropéen contre l’austérité, un plan Marshall européen, un New Deal partout en Europe ». L'ancien ministre a de nouveau évoqué sa volonté de fonder un « mouvement progressiste européen ». Il a également ajouté : « Mon âme est toujours dédiée à Syriza mais mon âme est brisée par les divisions du parti. »

Cette thématique européenne va-t-elle servir Arnaud Montebourg jusqu’à lui offrir une rampe de lancement vers la présidentielle de 2017 ? L’intéressé sourit de toutes ses dents et refuse de répondre, expliquant que pour le moment « il faut faire connaître le coup de force aux citoyens français avant de se positionner précisément pour des solutions ».

Comme c’était prévisible, les militants de gauche et les soutiens d’Arnaud Montebourg présents à la « Fête de la rose » sont un peu plus bavards et expliquent volontiers qu’ils verraient bien leur champion élu président de la République en 2017. « Nous voulons montrer que nous sommes capables de travailler avec d’autres partis que le PS, avance Alice, membre des Nouveaux partisans, un mouvement de jeunes affilié au PS. Ensuite, nous ferons un « mouvement commun européen et nous préparerons une primaire ouverte à d’autres partis en 2017 ».

Tous les militants présents ont en mémoire le bon score d’Arnaud Montebourg à la primaire socialiste de 2011 et surtout son évocation d’alors de thèmes comme la « démondialisation » ou encore « le protectionnisme européen ».

De son côté, Yanis Varoufakis est resté muet sur ses intentions dans la nouvelle configuration politique grecque, alors que Syriza a implosé et que le premier ministre Alexis Tsipras a convoqué des élections législatives anticipées pour le 20 septembre. Tout juste confiera-t-il du bout des lèvres que selon lui « lors de ces élections aucun parti n’aura la majorité à lui tout seul »."

 

Publié dans Politique

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