A la COP 21 les multinationales ne sont pas là !

Publié le par Laute Alain

C'était au début du mois de novembre, le saviez-vous ?C'était au début du mois de novembre, le saviez-vous ?

C'était au début du mois de novembre, le saviez-vous ?

Au Brésil, le pollueur minier Vale fait la loi

30 novembre 2015 | Par Lamia Oualalou (extraits Mediapart)

" La responsabilité des multinationales ne figure pas au programme officiel de la COP21. Pourtant, celles-ci sont les plus gros pollueurs de la planète, comme le montre la rupture récente d'un barrage brésilien détenu en partie par l'entreprise Vale, la deuxième plus importante du pays.

Ce jeudi 5 novembre 2015, il est 16 h 20 quand Jose do Nascimento de Jesus entend un bruit qu’il identifie d’abord comme une averse de grêle. Un coup d’œil par la fenêtre suffit au président de l’association des habitants de Bento Rodrigues, un village au cœur de l’État du Minas Gerais, pour comprendre l’ampleur du danger. Une gigantesque coulée de boue dévale la colline, laissant à peine le temps à Jose et ses voisins de fuir en hurlant « le barrage s’est rompu ! ».

Quelques heures plus tard, Bento Rodrigues, ses ruelles bucoliques, ses maisons basses et son église au clocher modeste étaient rayés de la carte. Plus de 62 milliards de litres (l’équivalent de 25 000 piscines olympiques) d’un mélange constitué de terre, silice, résidus de manganèse, de fer et d’aluminium se sont déversés sur la région après l’effondrement d’un barrage et le débordement d’un deuxième. Tous deux appartiennent à Samarco, une compagnie détenue à parts égales par le groupe minier brésilien Vale et l’anglo-australien BHP Billiton.

La tragédie a fait au moins huit morts et 19 disparus, dont un enfant de sept ans. Mais l’impact humain et environnemental est encore incalculable, car la coulée a rapidement trouvé le lit du Rio Doce, le cinquième plus grand fleuve du Brésil.

Samarco assure que la boue échappée du barrage n’est pas toxique pour l’être humain, sans toutefois en détailler la composition. Les spécialistes rétorquent que le mélange fonctionnerait comme une « éponge » capable d’attirer à elle d’autres polluants. Les mesures effectuées dans l’eau quelques jours après le passage de ce qu’on appelle ici le « tsunami marron » sont en effet alarmantes. Du mercure, du plomb, du cuivre, de nombreux métaux lourds s’y seraient incorporés. Près d’un demi-million de personnes n’ont plus accès à l’eau depuis la catastrophe, que ce soit pour leur propre usage ou pour l’agriculture.

Pour les tribus indiennes, des Krenaks qui vivaient sur les rives du fleuve, la vie est devenue impossible pour longtemps. Très longtemps. « Des centaines d’années », selon le diagnostic de Mauricio Ehrlich, géologue à l’Université fédérale de Rio de Janeiro.

Il décrit un désert de boue stérile sur lequel la biodiversité ne peut reprendre pied. « C’est comme vouloir planter dans le sable de la plage de Copacabana », résume-t-il. L’impact sur l’écosystème fluvial est plus effrayant. En bloquant l’accès à la lumière du soleil, la boue prive l’eau d’oxygène et modifie son pH (potentiel hydrogène), tuant des milliers de poissons et d’autres espèces aquatiques, parfois menacées d’extinction. Les sédiments contribuent également à assécher les affluents du Rio Doce, que les voisins qualifient désormais de « Rio Morto », le fleuve mort.

La déferlante de boue poursuit son chemin. Après avoir parcouru 500 kilomètres, elle s’est jetée dans l’Atlantique le 20 novembre, malgré les obstacles que Samarco a dressés dans la hâte sur son chemin.

Son rayon pourrait atteindre 9 kilomètres dans l’océan, affirme la ministre de l’environnement Izabelle Teixeira. Plus encore, soupçonnent les militants verts, qui soulignent combien le gouvernement a cherché à minorer l’accident. Ils craignent notamment que la pollution n’atteigne la réserve naturelle d’Abrolhos, qui possède une biodiversité marine unique au monde. Les premières images aériennes ont d’ailleurs provoqué un déchaînement des internautes brésilien sur la toile. Ironie du sort, la vague de boue a creusé un V dans les flots, reproduisant le logo du groupe Vale, jusqu’aux couleurs. Le vert et le jaune du drapeau brésilien pour Vale, correspondant aux teintes de la mer et de la boue.

Un des tweets ayant circulé avec le plus de succès met côte à côte le cliché du désastre et le symbole de l’entreprise, avec ce commentaire : « Belle publicité, c’est juste l’environnement qui a payé. » Et de rappeler que le nom original de l’entreprise est Vale do Rio Doce du nom du fleuve autour duquel elle a commencé ses premières extractions...."

 

(Lire la suite sur le site de Mediapart).

 

Publié dans Ecologie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article