Crise à EDF

Publié le par Laute Alain

Crise à EDF après la
démission du directeur financier

7 mars 2016 | Par martine orange (extraits).

Le directeur financier d'EDF, Thomas Piquemal, a démissionné pour marquer son opposition au projet de construction de deux EPR sur un site britannique, qu'il juge trop risqué industriellement et financièrement.

La crise, qui couvait depuis plusieurs semaines à EDF, a éclaté. Le directeur financier du groupe, Thomas Piquemal, a démissionné de ses fonctions pour manifester son opposition au projet britannique d'Hinkley Point. La construction de deux EPR en Grande-Bretagne, pour un coût estimé à plus de 23 milliards d’euros, assumés aux deux tiers par EDF, lui paraît représenter un risque gigantesque, hors de portée pour l’entreprise. « Si le directeur financier d’Areva avait agi de même, peut-être aurait-il sauvé l’entreprise », dit Jean-Luc Magnaval, secrétaire du CCE d’EDF, en saluant la décision du directeur financier. De son côté, le syndicat FO-Mines approuvait aussi « la démission courageuse du directeur financier d’EDF », soulignant que « le président d’EDF ne peut prétendre avoir raison contre tout le monde au sein de l’entreprise qu’il dirige ».

Les raisons qui ont poussé le directeur financier à démissionner rejoignent celles de nombre de responsables, de cadres dirigeants, de syndicats, farouchement opposés à ce projet, propre « à faire couler EDF », selon eux. Depuis plusieurs semaines, ceux-ci ne cessent de mettre en garde la présidence d’EDF et les pouvoirs publics contre le projet d’Hinkley Point. Mais Jean-Bernard Lévy, président d’EDF, fortement incité par les gouvernements français et britannique à approuver le projet dans les plus brefs délais, fait la sourde oreille.

Un conseil d’administration d’EDF est prévu pour demain, mardi 8 mars. Normalement, il s’agissait d’une réunion pour préparer la prochaine assemblée générale. Mais le sujet de la démission de Thomas Piquemal et d’Hinkley Point va s’imposer, de l’avis d’un proche du dossier. La direction est profondément divisée sur le sujet. « Il y en a trois qui sont farouchement pour : Vincent de Rivaz, qui dirige les activités d’EDF en Grande-Bretagne, Simone Rossi, responsable de l’international, Xavier Ursat, responsable des nouveaux développements nucléaires, parce que leurs postes dépendent de ce projet. Une autre partie hésite. Et les autres, notamment les financiers, sont farouchement contre », résume Jean-Luc Magnaval. « Nous sommes en train d’écrire un nouveau chapitre des décisions absurdes. Une grande majorité de l’entreprise est convaincue qu’il ne faut surtout pas y aller. Mais le politique s’en moque, au nom de la grandeur de la filière nucléaire, quitte à couler le groupe », dit un proche du dossier.

Les six représentants des salariés – toutes tendances confondues – qui siègent au conseil d’administration ont déjà annoncé leur intention de voter contre le projet, s’il est présenté au conseil. « Quoi qu’en dise la direction, c’est un énorme choc. Car le vote des syndicats n’est pas, comme la direction voudra le présenter, un énième désaccord sur la gestion sociale de l’entreprise. Leur opposition est sur un projet industriel, sur la conduite financière et industrielle du groupe. Ce n’est jamais arrivé dans l’histoire d’EDF », relève un haut responsable de l’électricien public..."

"...Dans l’espoir de diminuer l’impact de la démission de Thomas Piquemal, la direction a annoncé la nomination de Xavier Girre comme directeur financier à titre provisoire. Mais de l’avis des connaisseurs du dossier, toute la pression est désormais sur Jean-Bernard Lévy, nommé à la présidence fin 2014. La greffe n’a manifestement pas pris dans le groupe : les salariés lui reprochent beaucoup son absence de vision, sa méconnaissance des métiers, sa soumission au gouvernement, sans prendre la défense des intérêts de l’entreprise.

Selon des rumeurs insistantes, Jean-Bernard Lévy aurait déjà présenté sa démission il y a quelque temps. Mais le gouvernement l’aurait refusée, faute d’avoir un remplaçant. Dans les couloirs d’EDF, il se dit que Jean-Bernard Lévy aurait obtenu un contrat en or lors de sa nomination. Il serait assuré de toucher l’équivalent de la totalité de sa rémunération correspondant à l’ensemble de son mandat – cinq ans – s’il exerce ses fonctions au moins jusqu’en 2017..."

(Lire l'intégralité sur le site Medaipart).

Publié dans Politique

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