Le million de "Loi travail, non merci!"

Publié le par Laute Alain

Loi sur le travail:
#1 million de non merci!

5 mars 2016 | Par Dan Israel(extraits).

Mediapart a donné carte blanche, pour un événement exceptionnel de deux heures, au collectif « Loi travail : non merci ! » à l'origine de la pétition numérique qui a franchi le million de signataires ce vendredi soir 4 mars. Deux heures d'explications et d'appels à la mobilisation. Récit et vidéo intégrale.

 

À 20 heures, ils étaient 999 740. Puis 999 800 à

20 h 30. Et c’est à 21 h 12 qu’a été franchie la

barre du million.

 

Un million de signatures pour la pétition s’opposant au projet de loi sur le travail, lancée pile deux semaines auparavant. Cette initiative est celle de tous les records, à commencer par celui du plus grand nombre de signatures réunies par une pétition numérique en France. Ce franchissement hautement symbolique aura eu lieu en direct, en plein cœur de la soirée organisée par les activistes à l’initiative de la pétition et accueillie par Mediapart, qui a fourni ses locaux et ses équipes techniques pour assurer la diffusion.

Au moment fatidique du million, nul doute qu’est passée dans les esprits la fugace image d’une célèbre émission de télé, arrachant un sourire aux participants. L’occasion était trop belle, aussi, d’ironiser sur la pétition concurrente, soutenue par le Medef et atteignant péniblement les 15 000 signatures. Les organisateurs de la soirée n’ont pas raté cette cible facile.

Ces deux sourires auront été précieux : ce sont les seuls que le spectateur de la soirée aura pu savourer. En deux heures denses de déclarations et d’explications, sans pause, il n’y aura guère eu d’occasion de se réjouir. L’émission aura dressé un tableau très sombre des réformes que l’exécutif entend imposer à travers le projet de loi porté par la ministre du travail Myriam El Khomri.

La présentation du texte en conseil des ministres, initialement prévue le 9 mars, a été reportée de deux semaines, mais pour l’heure, le gouvernement a indiqué qu’il n’entendait pas modifier le fond de sa réforme. À moins que la mobilisation jamais vue sur Internet, qui sera relayée par des manifestations le 9 mars, ne le fasse changer d’avis. Cette mobilisation, nous l’avons raconté ici, est partie de nulle part, ou presque. Dans le rôle de catalyseur, la pétition montée à l’initiative de la responsable Ugict-CGT Sophie Binet, du « designer politique » Elliot Lepers, qui a participé à la campagne présidentielle de la Verte Eva Joly en 2012, et de la militante féministe Caroline de Haas (qui fut attachée de presse de Benoît Hamon, fondatrice d’Osez le féminisme, et membre du cabinet de la ministre Najat Vallaud-Belkacem, avant de couper les ponts avec le gouvernement et le PS).

Mercredi 2 mars, Caroline de Haas, voyant le nombre de signatures monter sans faiblir, a proposé à Mediapart d’accueillir une soirée spéciale pour célébrer le million de paraphes qui allait arriver. C’est donc au milieu de la soirée que le cap a été atteint. « Mediapart est un journal indépendant, mais qui ambitionne d’être au carrefour de tous les débats publics et des mobilisations de la société. C’est pourquoi nous avons très vite accepté la proposition », a indiqué en ouverture de la soirée le directeur éditorial de notre site, François Bonnet, assumant d’offrir « une totale carte blanche à ce collectif ».

La soirée a été animée par de Haas et par le militant syndical Karl Stoeckel, qui était en 2006 le leader de l’Union nationale des lycéens, en première ligne pour faire capoter le CPE, ce contrat première embauche que le gouvernement de Dominique de Villepin voulait imposer pour les jeunes. Dix ans plus tard, Stoeckel salue « cette dynamique assez impressionnante » qui porte la pétition. Cette dernière, d’ailleurs, n’est « qu’un élément parmi d’autres de la mobilisation », souligne le syndicaliste. La soirée laissera en effet la place aux autres piliers du mouvement, en faisant intervenir l’un des initiateurs de l’appel sur Facebook à la grève et à manifester le 9 mars, et en diffusant une partie des témoignages réunis par le collectif de YouTubeurs « On vaut mieux que ça », qui appellent les internautes à raconter leurs conditions de travail.

« En découvrant ce projet de loi, on s’est sentis insultés en tant que salariés, dénonce la maîtresse de cérémonie. Soit ces gens sont complètement déconnectés du monde du travail, soit ce sont des robots inhumains. » Les organisateurs de la soirée ont pris le soin de faire appuyer leur propos par les représentants des syndicats lycéens et étudiants. William Martinet, le président de l’Unef, critique « l’incompréhension complète de la réalité sociale de la part de ce gouvernement », qui croit le patronat lorsqu’il lui explique qu’il a peur d’embaucher, car il ne peut pas licencier. « Le parcours du combattant avant d’entrer en CDI, il existe déjà. Si un patron veut se rassurer sur l’emploi d’un jeune, il a déjà tous les outils disponibles », lance le syndicaliste étudiant. Samya Mokthar, présidente de l’Union nationale lycéenne (UNL), appelle également à manifester le 9 mars : « Nous sommes déjà précarisés. À la sortie de nos études, nous n’avons aucune garantie d’avoir un emploi stable. Nous nous sentons trahis par ce qui est proposé par le gouvernement. »..."

(Lire la suite sur le site de Mediapart et voir la vidéo complète).

 

Publié dans Politique

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