LIBRES !

Publié le par Laute Alain

Bruxelles 23 mars 2016

Bruxelles 23 mars 2016

Libres

Par Maurice Ulrich Jeudi, 24 Mars, 2016 L'Humanité

L'éditorial de Maurice Ulrich.

La menace est réelle, sans doute omniprésente. Oui, des cellules terroristes peuvent frapper encore, peut-être à tout moment, et la sécurité reste un impératif. Mais la menace a aussi un corollaire, une autre dimension qui s’exerce sur nos libertés, et d’abord notre liberté de penser. Ainsi les récupérations et les instrumentalisations dont nous avons été les témoins depuis mardi matin, visant à justifier par les attentats la révision constitutionnelle voulue par le gouvernement, sont odieuses. Elles sont une forme de chantage intellectuel, de jeu pervers avec la vérité qui disqualifie leurs auteurs, et disons-le, du socialiste Bruno Le Roux au frontiste David Rachline. Au demeurant, qui pourrait croire un instant qu’une mesure encore discutée, voire revendiquée, comme la déchéance de nationalité puisse ne serait-ce qu’un instant permettre de lutter contre le terrorisme ?

Les amalgames vénéneux qui fleurissent depuis hier pour rapprocher les attentats de la question des migrants sont tout aussi odieux et insupportables. C’est le Figaro qui écrit : « Cette fois, cependant, les débats philosophiques ou les arguties comptables sur l’aide à la Grèce ne sont pas permis. Les États européens sont au défi de protéger leurs citoyens et d’anéantir ceux qui sèment la mort dans leurs villes. » Comme s’il y avait un lien constitutif entre les réfugiés et le terrorisme. Il nous serait désormais interdit de nous reconnaître dans le visage de l’autre, celui du réfugié aux portes de l’Europe, il faudrait fermer les yeux sur les enfants morts des plages.

Ce qui se met là en place, ne nous y trompons pas, c’est ce que le philosophe Giorgio Agamben, au travers des états d’exception, voit comme des techniques de gouvernement. Alors non. Nous ne nous laisserons pas enfermer dans les cellules pour schizophrènes de la peur. Et déjà aujourd’hui, quand bien même ce sera pour d’autres raisons, dans les rues de nos villes nous allons manifester, libres.

 

Publié dans Politique

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