Procrastinateurs européens, un danger mondial !

Publié le par Laute Alain

"Procrastination" : Un mot qui devient à la mode :

Si vous n'avez jamais entendu ce mot sortir de la bouche d'un érudit proche ou pas, vous l'aurez encore moins utilisé vous-même. Pourtant il caractérise bien l'attitude observée par certaines ou certains dans notre entourage, ce qui peut agacer parfois, mais n'aura jamais les mêmes conséquences qu'à une plus grande échelle. Voir l'article ci-dessous comme preuve. A cette échelle là c'est de la trahison !

Définition :

"La procrastination est une tendance à remettre systématiquement au lendemain des actions. Le « retardataire chronique », appelé procrastinateur, n’arrive pas à se « mettre au travail », surtout lorsque cela ne lui procure pas de satisfaction immédiate".

Une boutade qui n'en est plus une :

" Ne faites jamais la veille ce qu'un autre pourrait faire à votre place le lendemain".

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La Commission européenne pulvérise un

engagement-clef de la COP21 !

3 mars 2016 Par Maxime Combes Blog : Sortons de l'âge des fossiles ! (extraits).

Dans une communication publiée mercredi, la Commission européenne refuse de se donner plus d'ambition d'ici à 2030 et institutionnalise la procrastination à l'échelle mondiale. En repoussant à demain ce qu'elle ne veut pas faire aujourd'hui, elle pulvérise l'objectif des 2°C de réchauffement maximal. Choquant et criminel.

Un statu quo synonyme de capitulation climatique

En clôture de la COP21, même les plus enthousiastes des commentateurs avaient reconnu que les « contributions » des Etats étaient insuffisantes, conduisant la planète vers un réchauffement climatique supérieur à 3°C. Mais l'essentiel n'était pas là, nous avaient-ils assuré. L'important était que les Etats se soient engagés à revoir leurs contributions à la hausse dans des délais relativement courts (2018, 2020 ou 2023 selon les commentateurs) ! En acceptant ce principe, nous a-t-il été dit, les Etats ont ouvert la possibilité de revenir en dessous des 2°C fatidiques. Le discours final de François Hollande, promettant de « réviser au plus tard en 2020 les engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre » de la France, était pris en exemple de cette bonne volonté.

Patatras. Dans sa communication intitulée « la voie après Paris », la Commission européenne balaie d'un revers de la main cette jolie petite histoire qui nous a été racontée, avec plus ou moins d'emphase, depuis le 12 décembre dernier.

La Commission estime que l'objectif dont l'UE s'est doté, à savoir une réduction de 40% des émissions de GES d'ici à 2030, est largement suffisant puisque « basé sur des projections mondiales qui sont en ligne avec l'ambition à moyen terme de l'Accord de Paris ». Pour la Commission, l'UE doit donc se limiter à « mettre en œuvre le paquet énergie climat 2030 tel que validé par le Conseil européen ». Rien de plus. Pas question de soumettre auprès de l'ONU une contribution plus ambitieuse d'ici à 2020. La Commission ne laisse même pas cette option ouverte, à la discrétion des ministres de l'environnement ou du Conseil des chefs d'Etat et de gouvernment. Pour la Commission, revoir à la hausse l'ambition des objectifs que l'UE s'est fixée ne fait simplement pas partie des options possibles. La promesse de François Hollande du 12 décembre dernier est déjà à ranger aux oubliettes de l'histoire (la contribution française n'est rien d'autre que la déclinaison nationale des objectifs fixés au niveau européen).

Une proposition irresponsable qui nie les données scientifiques

En osant affirmer que les objectifs fixés sont suffisants, la Commission européenne fait basculer la politique de l'UE dans le déni climatique et le négationnisme scientifique. Les données scientifiques dont nous disposons, notamment celles réunies par le GIEC, sont claires : l'UE, tout comme les autres puissances économiques de la planète, est invitée à s'orienter le plus rapidement possible vers une décarbonisation complète de son économie. Les objectifs fixés ne le permettent pas : un objectif de 40 % de réduction d'émissions d'ici à 2030 revient à une réduction effective d'à peine 33 % compte tenu des surplus considérables de quotas existant sur le marché carbone européen..."

"...Procrastination institutionnalisée pour de nouveaux crimes climatiques

Ce statu quo voulu par la Commission européenne dynamite le story-telling construit autour de la COP21. Alors que l'Accord de Paris « note avec préoccupation que les niveaux d'émission globales de GES en 2025 et 2030 estimés sur la base des contributions prévues déterminées au niveau national ne sont pas compatibles avec les scénarios au moindre coût prévoyant une hausse de la température de 2°C » (point 2.17 de la décision), la Commission européenne institutionnalise la procrastination : elle repousse à plus tard ce qui devrait être fait aujourd'hui. Elle invite ainsi tous les grands pollueurs de la planète, des Etats-Unis à la Chine, à faire de même ! Bravo l'exemple ! ..."

"...C'est inadmissible et intolérable que des telles propositions soient faites en notre nom. Au nom des populations européennes.

Les ministres européens de l’Environnement ont la possibilité de modifier l'orientation de cette communication lors de leur réunion de ce vendredi 4 mars.

Les Chefs d'Etat et de gouvernement des Etats-membres auront une possibilité identique lors du Conseil européen des 17 et 18 mars.

Le story-telling de la COP21 ne va plus fonctionner très longtemps.

Le voile va se lever sur la sincérité des paroles prononcées à Paris.

François Hollande voulait que la COP21 pose les jalons de la « révolution climatique ». Si révolution climatique il doit y avoir, c'est à Bruxelles qu'elle doit débuter.

François Hollande et Ségolène Royal ne pourront pas, cette fois-ci, se retrancher derrière de beaux discours – ni derrière la mauvaise volonté de la Pologne.

Des actes, il n'y a que cela qui compte.

Maxime Combes, économiste et membre d'Attac France.

Auteur de Sortons de l'âge des fossiles ! Manifeste pour la transition,Seuil, coll. Anthropocène.

@MaximCombes sur twitter

PS : je vous passe les autres inepties contenues dans la contribution de la Commission européenne. Signalons tout de même :

  1. l'erreur consistant à dire que 98% des émissions mondiales sont couvertes par l'accord de Paris alors qu'au bas-mot 10% des émissions mondiales ne le sont pas, puisque les émissions liées au secteur de l'aviation civile, du transport maritime et des armées ne sont pas assignées aux Etats et ne sont donc pas couvertes par l'Accord de Paris.

  2. l'importance donnée aux enjeux de compétitivité, de croissance, d'investissements et de marchés des capitaux, au détriment des politiques de sobriété et d'efficacité énergétiques ;

PPS : les journalistes et commentateurs, y compris ici sur Médiapart, qui ont expliqué que fixer un objectif de long terme à 1,5°C permettait de « consacrer l’idéal du dépassement des intérêts nationaux particuliers et de court terme » vont-ils revoir leur jugement ? ;-)

(Lire l'intégralité de l'article sur le site de Mediapart).

Publié dans Ecologie

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