Prémisse d'un printemps chaud ?

Des nuits et des jours porteurs d'espoir

Par Alain Laute le 12 avril 2016

Je me surprends à rester encore sur les vieux schémas de fonctionnement de la politique en France. Militant de longue date, cinquante ans déjà, je n'imaginais pas un seul instant qu'il fut possible que dans notre pays, des gens de tout âge, toute origine sociale, dans sa diversité culturelle, puissent se rassembler en dehors des partis constitués.

Pourtant il y a déjà une quinzaine d'années par expérience personnelle, j'affirmais que l'issue de notre démocratie en crise ne reposait plus sur les vieux partis, les vieilles pratiques, les dirigeants de l'entre-soi et que ce devait être le peuple qui instaure "autre chose, autrement".

Mais voilà, tout convaincu que j'étais du bien fondé de ma noble pensée et mes amis aussi, j'étais dans l'incapacité de définir une stratégie acceptable par mes interlocuteurs (trices) qui en avaient autant ras le bol que moi de constater les dégâts causés par les incapables de gauche et de droite qui dirigeaient toutes les institutions de notre pays y compris les collectivités territoriales, dont les villes.

Avec Jean-Luc Mélenchon qui a pris depuis des années ses distances avec ces vieilles pratiques, je pensais en adhérant à cette position de rupture radicale avec les vieilles pratiques, que "ça le ferait ". Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres, nos résultats le démontrent.

Un vaste rassemblement autour de M6R pour une sixième République, puis le projet de candidature à la Présidence avec JLM2017 et les insoumis, va dans le sens souhaité et j'y participe du mieux que je peux, submergé par des contradictions liées souvent à cette orientation novatrice mais aussi par ceux qui contrairement à beaucoup, sont à nos côtés sans rompre avec les vielles pratiques de l'entre-soi et des tentations qu'offrent le Pouvoir si petit soit-il. Cela dit il faut discuter, batailler pour construire une plate forme unitaire. Le chemin sera long.

Je suis persuadé qu'on peut parvenir à cet objectif du rassemblement majoritaire autour d'une candidature comme celle de Mélenchon.

Certains disent que ce n'est pas la rupture attendue, certes. Mais c'est d'une toute autre nature que ce que nous proposent la pseudo gauche et la droite réactionnaire avec des primaires qui sentent déjà le faisandé, la vielle tambouille surie à souhait. Quand à l'extrême droite elle attend que ces vomissures se répandent pour s'en nourrir.

Ce que j'espérais il y a des années est-il en train de se produire ? Le peuple de France serait-il donc capable de proposer une autre alternative de gauche pour prendre le pouvoir ?

Nuit debout, cette récente forme de rassemblement me réjouit. Je ne sais pas trop encore ce qu'il peut en advenir. Ce mouvement, ce rassemblement est-il éphémère, le soufflé retombera-t-il avant qu'on en saisisse le sens réel ? Ce n'est pas si sûr. Je ne le souhaite pas. Je veux voir la suite encore en spectateur à défaut de participer.

Certains, à gauche comme à droite, méprisent ce phénomène. Moi pas. Ils n'y voient qu'un vecteur de violences relayées complaisamment par les chaînes de télé. Pour ma part c'est plus que cette vision réductrice d'un réel malaise, d'une inquiétude profonde en l'avenir. De ce point de vue la Loi Travail sert de révélateur à deux aspects essentiels. D'une part les dérives droitières de Hollande et d'autre part le besoin réel de vivre mieux, vivre ensemble et autrement que sous les contraintes et les menaces.

Le ras le bol des politiques politiciennes, conduit le corps électoral à s'abstenir majoritairement faute de perspectives palpables. Les derniers scrutins ont prouvé une nouvelle fois les effets d'un désenchantement généralisé. Quand plus d'un électeur sur deux ne vote plus depuis des années, c'est la démocratie qui est en danger car c'est toujours l'extrême droite qui en sort gagnante avec ses idées racistes, le rejet de l'autre. Tout cela est contraire à la démocratie dont j'espère encore beaucoup.

Alors je reçois ce réveil des consciences avec Nuit debout comme une bouffée d'oxygène, prémisse d'un printemps chaud. Avec Mélenchon, nous travaillons aussi sous une autre forme au réveil du peuple de France, c'est plus classique, à la différence qu'il y a de la droiture, de la cohérence et de l'honnêteté dans l'attitude et le propos. Çà aussi j'aime bien et j'y adhère.