Tsipras va encore se faire rouler

Publié le par Laute Alain

Dette grecque: les négociations reprennent dans un contexte tendu

22 avril 2016 | Par Amélie Poinssot

" C'était l'une des promesses électorales d'Alexis Tsipras, juste avant la victoire de Syriza, en janvier 2015 : la dette publique grecque devait être restructurée. La négociation qui s'ouvre ce vendredi dans le cadre de l'Eurogroupe lui permettra-t-elle de tenir parole ? Pas sûr.

C'était l'une des principales promesses électorales d'Alexis Tsipras, en janvier 2015, et c'est aussi un engagement des Européens depuis novembre 2012 : la dette publique grecque doit être restructurée, son niveau actuel (176,9 % du PIB d'après les dernières données d'Eurostat) n'étant pas viable. D'un éventuel effacement partiel des obligations (haircut), on est toutefois passé au scénario du rééchelonnement. Et encore, il reste suspendu à la mise en œuvre, côté grec, de mesures d'austérité.

L'accord du 13 juillet 2015 dernier qui mettait fin, provisoirement, à cinq mois de bras de fer européen, stipulait en effet, au sujet de la dette : « En lien avec l'esprit de la déclaration de l'Eurogroupe de novembre 2012, l'Eurogroupe se tient prêt à étudier, si nécessaire, de possibles mesures additionnelles (un possible allongement des délais de remboursement) visant à assurer que la charge financière brute reste à un niveau soutenable. »

Du côté du gouvernement français, classé parmi les soutiens d'Athènes au niveau européen, on s'en tient, officiellement, aux termes de cet accord. Mais, signe de l'extrême frilosité de l'exécutif français sur ce dossier et de la position, très en retrait, du gouvernement Valls sur cette négociation, bien peu d'informations filtrent du ministère des finances. Tout au plus apprend-on que la France défendra un « traitement » de la dette grecque… « Il s'agit d'allonger la durée de maturation et de réduire les taux d'intérêt », nous explique-t-on à Bercy.

Autrement dit, la période de remboursement sera allongée et la charge de la dette sera réduite. Mais en valeur absolue, ce que doit la Grèce à ses créanciers ne bougera pas. Pas question, donc, d'effacer les ardoises, comme cela avait été fait par les créanciers privés, à deux reprises, en 2012 : par un savant montage d'échanges de titres, la dette publique hellène avait alors été réduite d'environ 35 %.

Les négociations qui s'ouvrent ce vendredi 22 avril à l'Eurogroupe – instance qui réunit les ministres des finances de la zone euro, exceptionnellement réunie à Amsterdam, dans le cadre de la présidence tournante de l'Union – sont donc d'ores et déjà bordées. Pourtant, la discussion promet d'être longue et ardue, tant le débat est tendu, dès le départ, entre les positions du ministre allemand des finances, principal acteur du dossier ; celles du FMI, qui agit en coulisses mais joue en définitive un rôle de premier plan ; et celles du premier concerné, le gouvernement grec.

L'Allemand freine en effet des quatre fers pour alléger le poids de la dette grecque, qui repose en grande partie, depuis les mouvements financiers de 2012, sur les comptes publics des États européens. Il ne veut pas faire de geste supplémentaire en l'absence du FMI. Celui-ci, qui ne s'est pas engagé dans les nouveaux prêts européens à la Grèce décidés pendant l'été 2015 (86 milliards d'euros sur trois ans), joue le rôle de l'expert financier bien utile pour des instances européennes hésitantes à prendre leurs responsabilités, et se prononce de plus en plus ouvertement en faveur d'une restructuration de la dette grecque. Christine Lagarde, la patronne de l'institution, sera partie prenante des discussions aujourd'hui à Amsterdam. Quant au gouvernement grec, étranglé financièrement, il est évidemment en faveur d'une restructuration… mais n'a pas voix au chapitre..."

(Lire la suite sur lesite de Mediapart)

Publié dans Politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article