Rétablir les contrats aidés une nécessité

Publié le par Laute Alain

Couverture de Politis et dessin de Karak
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Contrat aidé rime avec utilité
Christophe Kantcheff Politis n° 1468

Pour améliorer la situation du chômage, on détruit les emplois aidés. C’est de la pensée « complexe ».

Dans le nouveau monde macronien, on ne craint pas les oxymores. Exemple : pour améliorer la situation du chômage, on détruit les emplois aidés. C’est de la pensée « complexe ». Et précipitée. On entend ici que les Restos du cœur ne servent plus de repas chauds, ou là que la rentrée scolaire sera perturbée. In extremis, l’exécutif révise sa copie pour s’éviter des ennuis : l’accompagnement des enfants handicapés, l’Outre-mer et les secteurs d’urgence sanitaire et sociale sont soudain épargnés. Le geste est charitable.

Mais pour le reste ? Les contrats aidés ne favoriseraient pas le retour à l’emploi non subventionné. La preuve : 57 à 60 % des personnes décrochent un emploi dans le secteur marchand, 25 % seulement dans le secteur non marchand. Ces chiffres sortent d’études effectuées pour le ministère du Travail. Édouard Philippe les répète consciencieusement. Il insiste (sur France Inter) : « 25 % de réussite, c’est 75 % d’échec. » Il n’a pas fait l’ENA pour rien. Il omet juste un détail : dans un de ces rapports datant de mars 2017, les auteurs écrivent noir sur blanc qu’en raison d’un manque de données « il est nécessaire de prendre ces résultats avec précaution ». C’est à peine s’il concède que, « pour le salarié qui était en dehors du marché du travail, évidemment, c’est une bonne chose ». Alors, « évidemment », il faut supprimer ces dispositifs, parce qu’ils seraient « inefficaces ».

« Inefficaces » ? Les éditions Isabelle Sauvage, installées à Plounéour-Ménez, dans le Finistère, publient de superbes livres de poésie. La seule salariée avait un contrat aidé, qui devait être renouvelé par l’État le 1er septembre. Dans ce cadre, cette personne, de plus de 50 ans, ayant travaillé en librairie, a bénéficié de 150 heures de formation. Bien que publier de la poésie génère des bénéfices avant tout symboliques, les responsables de la maison d’édition avaient planifié son embauche en CDI au terme de sa seconde période en contrat aidé. Qui n’aura pas lieu. Conséquence : « Nous allons nous efforcer de maintenir cet emploi, avec une carence le temps de nous retourner, écrivent-ils dans un communiqué, mais autant dire que certaines de nos activités sont en péril et que notre équilibre financier est encore davantage fragilisé. » Édouard Philippe, qui fait le beau en racontant ses lectures dans un livre, n’aime peut-être pas la poésie…

 

Publié dans Politique

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