CHARLIE 3 ans déjà les terroristes sont toujours là

Publié le par Laute Alain

Drôle, non ?

Drôle, non ?

La vie à « Charlie »

Ce que ces trois années ont vraiment changé

Par Fabrice Nicolino - 03/01/2018

« Voici ce que nous pouvons dire sur nos conditions de vie et de travail. Le 7 janvier 2015 nous a propulsés dans un monde nouveau, fait de policiers en armes, de sas et de portes blindées, de trouille, de mort. Et cela en plein Paris, et cela dans des conditions qui n’honorent pas la République française. Est-ce qu’on se marre quand même ? Oui.

Les belles années de la rue de Turbigo, quand Charlie habitait tout près du musée des Arts et Métiers, à Paris. On passait un carrefour, on allait jeter un oeil sur l’avion de Blériot, l’ Éole de Clément Ader – «ils ont deux ou trois pièces uniques» – ou cet infernal pendule de Foucault. Les restaus étaient géniaux, Charb était encore là, qui aimait tant la bonne bouffe italienne – et toute autre -, le vaste local ensoleillé donnait des ailes et attirait les visiteurs d’un jour comme autant de papillons. Oh! ne parlez pas de la rue de Turbigo à ceux des survivants qui ont connu le comptoir de l’accueil, car la nostalgie peut transpercer la peau comme une lame. «C’était ouvert sur le monde. J’y allais tous les jours. Pendant un moment, je crois bien que j’étais celui qui y passait le plus de temps.» Mais l’équipe fut mise dehors, pour de pauvres affaires de sous, et l’exil commença à la fin de l’été 2011.

Boulevard Davout, le local était vaste et nu, avec une impressionnante hauteur sous plafond. La table en fer à cheval de Turbigo avait pu y être déménagée, et toutes les archives et tous les millions de papiers du journal avaient été posés sur des étagères. Y serions-nous bien? Nous n’avons pas eu le temps de répondre, car quatre ou cinq semaines plus tard, une main inconnue a brûlé une nuit tous nos trésors de guerre. Au matin, sur le trottoir de ce quartier populaire et immigré de Paris, il y avait des tonnes de papier haché, mâché par les lances à incendie des pompiers. Charb nous faisait pleurer de rire en racontant qu’il avait été contraint, devant les caméras, de tendre la main au si dérisoire ministre de la police Claude Guéant... »

(Lire la suite dans Charlie Hebdo du 3 janvier 2018)

Publié dans Liberté-Laïcité

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