Guénolé : Vérité sur la France insoumise

Publié le par Laute Alain

Europe Insoumise contre Europe de Macron

Thomas Guénomé dans Marianne Publié le 15/04/2018

« La France Insoumise est anti-européenne ». Ce mensonge s’installe dans le débat. Il est répété en boucle par les porte-parole d’Emmanuel Macron, du PS, de Benoît Hamon, ou des Verts ; et bien sûr, par le chœur unanime des éditorialistes des médias mainstream. Le but de cette diabolisation est de remplacer le débat de fond, arguments contre arguments, par une présentation fallacieuse : « Nous les gentils, contre eux les méchants ». A cet égard, on peut résumer d’avance le futur argumentaire de la campagne européenne des macronistes en 2019. Il sera fondé sur un double sophisme :

L’Europe, c’est bien.

Plus d’Europe, c’est très bien.

Nous, on veut plus d’Europe. Donc nous, c’est très bien.

La France Insoumise ne veut pas de notre Europe. Donc eux, c’est mal.

Et FI = FN. »

Tout cela est faux.

La France Insoumise est fidèle à l’idéal hugolien d’une fraternité européenne des peuples

D’abord, la France Insoumise ne pourra jamais être identique au FN, pour au moins une raison fondamentale : il n’y a chez les Insoumis ni racisme, ni xénophobie. Ceux qui plaident la thèse « FI = FN » versent donc dans l’infamie. Ensuite, comme le rappelle régulièrement Jean-Luc Mélenchon, la France Insoumise est l’héritière politique de Victor Hugo. Et ce dernier disait, dans son discours de 1849 au Congrès de la Paix, ceci : « Un jour viendra où la France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, (…) vous constituerez la fraternité européenne ». Il ajoutait vouloir que cette Europe « converge au même but, la création du bien-être et de la bienveillance, c’est-à-dire, et c’est là pour ma part le but auquel je tendrai toujours, extinction de la misère au dedans, extinction de la guerre au dehors. (…) Disons aux peuples : Vous êtes frères ! ».

La France Insoumise est fidèle à l’idéal hugolien d’une fraternité européenne des peuples, fondée sur la paix, la solidarité et la démocratie. Elle est fidèle à cet idéal internationaliste, pacifique et social. Elle se bat pour l’Europe des peuples et de la justice. Elle n’est donc pas anti-européenne. Elle est en revanche, bien sûr, résolument contre l’usurpation de cet idéal par l'Europe d’Emmanuel Macron.

Les peuples européens aspirent à la paix. Au contraire, Emmanuel Macron usurpe l’Europe de la paix pour marcher vers l’Europe de la guerre. C’est ce que démontre, par exemple, son militantisme pour relancer la course aux armements en Europe, afin d’obéir aux exigences capacitaires des Etats-Unis d’Amérique. Sa soumission de fait à l’OTAN, c’est-à-dire à Washington, menace d’intégrer encore davantage la France et l’Europe dans une coalition atlantiste qui, objectivement, est de plus en plus va-t-en-guerre. Contre cette dérive belliciste, la France Insoumise veut une diplomatie française non-alignée et une défense nationale indépendante, pour que la France redevienne le fer-de-lance d’une Europe de la paix.

Les peuples européens veulent des conditions de travail et de rémunération décentes. Au contraire, Emmanuel Macron usurpe l’Europe sociale pour marcher vers l’Europe antisociale. De fait, lorsqu’il s’attaque aux protections du Code du travail, c’est pour obéir aux exigences de la Commission européenne quant à la « flexibilisation » du marché du travail. Ainsi a-t-il par exemple plafonné les indemnités prudhommales pour licenciement abusif. En pratique, cela octroie aux grandes firmes un « permis de licencier abusivement », qu’elles peuvent budgéter d’avance.

Plus profondément, les traités européens rendent obligatoires la libre circulation des travailleurs, la libre circulation des marchandises, et la libre installation des entreprises, n’importe où en Europe. Or, en même temps, ces traités interdisent noir sur blanc l’harmonisation sociale européenne. Et ils n’autorisent l’harmonisation fiscale que si c’est pour accroître la concurrence. Inévitablement, compte tenu de l’énorme disparité des systèmes sociaux et fiscaux d’un pays à l’autre, ces traités produisent donc une grande course au dumping fiscal et social dans toute l’Europe. À ce gigantesque nivellement salarial, social et fiscal par le bas, la France Insoumise oppose des propositions fermes : instaurer des taxes anti-dumping social et fiscal ; appliquer fermement dans tout pays le principe « À travail égal, rémunération et protections égales ».

Les peuples européens veulent des services publics qui marchent

Les peuples européens veulent des services publics qui marchent. Au contraire, Emmanuel Macron accélère les réformes de transformation des nôtres en grands marchés, là encore pour obéir à la Commission européenne. L’engrenage est toujours le même. D’abord, un service public émanant de l’Etat est transformé en entreprise publique. Ce changement de statut est présenté, la main sur le cœur, comme une simple évolution juridique. Ensuite, puisque les traités européens interdisent à toute entreprise d’être en monopole, la Commission exige le dépeçage de ce service pour le livrer à quelques grandes firmes. Enfin, le tout devient un oligopole, où ces firmes sont en position de rente, et dont les consommateurs sont la clientèle captive. Parallèlement, le statut des fonctionnaires concernés est transformé pour s’aligner sur les employés du privé. C’est ce qui est arrivé à la téléphonie. C’est ce qui est en cours à La Poste. C’est ce qui se prépare à la SNCF. La France Insoumise, elle, entend non seulement stopper ce pillage des services publics, qui sont notre bien commun, mais aussi pousser, pourquoi pas, à ce que ce modèle d’économie solidaire non-marchande se répande davantage en Europe.

Les peuples européens sont souverains. C’est la moindre des choses en démocratie. Au contraire, Emmanuel Macron veut marcher encore plus loin vers l’Europe de la technocratie. De fait, la « souveraineté européenne » qu’il défend ne prévoit pas davantage de démocratie, avec par exemple le droit d’adopter des règles communes via de grands référendums d’initiative populaire. À l’inverse, il s’agit de rendre toujours plus de politiques économiques obligatoires dans les traités et les directives, afin que l’agenda antisocial de la Commission européenne s’impose quoi que votent les peuples. Face à cette défiguration de la démocratie, la France Insoumise, elle, entend que l’on commence par respecter le vote souverain des peuples, qui ont dit « Non » par référendum aux traités d’austérité obligatoire, notamment en France ou aux Pays-Bas.

Bref, il s’agirait de ne pas renverser les rôles. C’est l'Europe d’Emmanuel Macron qui, parce qu'elle trahit l'idéal européen de fraternité des peuples, est anti-européenne. Et c’est la France Insoumise qui, elle, est fidèle à cet idéal. L’an prochain, portée par une coalition de grands mouvements populaires tels que Podemos ou la FI, l'Europe Insoumise mettra un coup d’arrêt à l'Europe de Macron, en gagnant les élections européennes.

 

Publié dans Politique

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