Dette contre dette, puisqu'il faut payer ...

Publié le par Laute Alain

Charité bien ordonnée commence par soi-même ! N'est-ce pas madame Merkel ?(dessin Man /internet)

Charité bien ordonnée commence par soi-même ! N'est-ce pas madame Merkel ?(dessin Man /internet)

(Extrait d'un article de Médiapart)

Grèce-Allemagne: la querelle des réparations de guerre

PAR LUDOVIC LAMANT ET AMÉLIE POINSSOT

ARTICLE PUBLIÉ LE JEUDI 19 FÉVRIER 2015

"L'exécutif d'Alexis Tsipras veut rouvrir le débat sur les réparations de guerre et le remboursement du prêt forcé imposé par les nazis pendant l'occupationde la Grèce. Athènes rappelle de plus que la detteallemande a été, elle, profondément restructurée lorsde la conférence de Londres de 1953. Le débat est ultrasensible, sur fond de négociations entre Européens.Qu'en disent les historiens ?

Le dossier pourrait empoisonner les relations entr Athènes et Berlin dans les mois à venir. Ilnevasûrement pas détendre l'atmosphère à la tablede l'Eurogroupe, lors des négociations sur la dette grecque. Alexis Tsipras, le nouveau chef de l'exécutif grec, en a parlé dès son discours de politique générale le 8 février. Il entend réclamer à l'Allemagne des indemnités pour les dégâts subis par la Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que le remboursement du prêt forcé imposé par les nazis pendant l'Occupation, jamais remboursé.

Ces revendications ont marqué le premier déplacement du nouveau ministre grec des affairesétrangères, Nikos Kotzias, la semaine dernière à Berlin, où il arencontré son homologue Franck-Walter Steinmeier(lire son allocution). Entre les deux pays, des dettessubsistent et l'endetté n'a pas toujours été du côtéque l'on croit. Sur le fond, Athènes fait valoirdeux arguments historiques de poids : d'un côté, laconférence de 1953 sur la dette allemande, et de l'autre, les réparations de guerre. Quelle valeur ont ces arguments sur les planséconomique et juridique ? Qu'en disent les historiens, en Grèce et en Allemagne ?

LA CONFÉRENCE DE 1953 SUR LA DETTE ALLEMANDE

Pour l'historien allemand Albrecht Ritschl, enseignant à la London School of Economics (LSE), l'Allemagne est tout simplement le pays qui a le plus « transgressé » et restructuré sa dette au cours du XXe siècle. Ilen veut pour preuve, notamment, la conférence deLondres de 1953, qui rendra possible le « miracle économique » dont profitera l'Allemagne de l'Ouest, la RFA, pendant des décennies.

Les participants à cette négociation ont essayé de nepas répéter les erreurs commises lors du traité de Versailles, déjà diagnostiquées par Keynes en 1919 dans son essai sur Les Conséquences économiques de la paix. L’accord de 1953 « reflète une compréhensionsubtile et responsable des difficultés associées auxréparations et aux crises des dettes des années 1920 et 1930 », estime l'historien américain Timothy Guinnane, spécialiste du sujet à l’université de Yale. À l'issue de la conférence, les négociateurss'entendent non seulement pour réduire de 50 % ladette extérieure allemande. Mais ils acceptent ausside repousser le remboursement d'une partie de ladette restante, à très loin : au moment de la futureréunification de l'Allemagne, une fois que la « question allemande » sera réglée. Cette position très conciliante s'explique avant tout parla volonté de Washington de ménager les Allemands, dans un contexte de début de guerre froide, où les États-Unis ne veulent pas affaiblir leurs alliés. Ils vontdonc exiger des pays européens qui désirent profiter du plan Marshall mis en place par les Américains, qu'ils acceptent, en échange, de lâcher du lest sur leremboursement de la dette allemande.

Mais 37 ans plus tard, lors de la réunification du pays, le chancelier Helmut Kohl évacue la question du remboursement. Le traité de Moscou (renommé traité« deux plus quatre »), qui scelle la réunification de 1990, n'est pas considéré comme un « traité de paix », et fait l’impasse sur la question du remboursement de la dette prévu dans le texte de 1953. « Quelques acomptes ont été versés. Mais il s’agissait de sommes minimes », résume Albrecht Ritschl. La décision de Kohl fait alors l'objet d'un consensus en Europe. D'autant que cette dette restait, de toute façon, très difficile à chiffrer avec précision. Quelle leçon y a-t-il à tirer de cet épisode pour la Grèce aujourd'hui ? « Exactement comme on l'a fait en 1953 avec l'Allemagne, on se rend compte que tous les peuples d'Europe auraient intérêt à regarder le détail de la composition de leurs dettes », juge l'économiste

Jean-Marie Harribey, un ancien coprésident d'Attac, qui y voit la preuve de l'« utilité politique » d'une telleconférence."

(Lire la suite sur Médiapart)

Publié dans Politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article