Fukushima, 4 ans après

Publié le par Laute Alain

Un réfugié prie sur son disparu et le premier ministre Shinzo Abe, cultive l'intox fin 2014.
Un réfugié prie sur son disparu et le premier ministre Shinzo Abe, cultive l'intox fin 2014.

Un réfugié prie sur son disparu et le premier ministre Shinzo Abe, cultive l'intox fin 2014.

Le tsunami laissera pendant des siècles des séquelles sur le sol, l'air et les êtres vivants, hommes femmes, enfants et animaux.

La vague tueuse est passée entraînant avec elle 230 000 personnes. Reste la radioactivité. Plus incidieuse, plus maligne, invisible et inodore.

Les années passent et ce pays doit faire face aux conséquences. Médiapart publie un reportage dont je vous invite à prendre connaissance sur son site. En voici de courts extraits.

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Fukushima, 4 ans après : les réfugiés de l’atome forcés au retour en zone contaminée

"Les 120000 déplacés nucléaires de Fukushima font face à des pressions gouvernementales croissantes pour retourner vivre dans les zones pourtant fortement contaminées. Alors que la centrale ravagée continue de déverser sa radioactivité, le gouvernement japonais, farouchement pro-nucléaire, veut donner l’illusion d’un retour à la normale.

Ma maison est inhabitable. Elle est beaucoup trop radioactive. » Assis en tailleur sur son tatami, M. Nakano, 67 ans, ouvre son quotidien local à la page qui donne chaque jour, comme si c’était la météo, les taux de radioactivité de chaque hameau situé autour de la centrale dévastée de Fukushima Daiichi. Au feutre rouge, il a dessiné un point devant le taux de son village : 14,11 μSv/h. « C’est très élevé et très dangereux. En plus, c’est une mesure officielle, à laquelle je ne fais pas confiance. Je pense que la radioactivité y est en réalité encore plus forte. »...

...Dans les zones évacuées, les courtes visites sont tout de même autorisées la journée. M. Nakano s’est ainsi rendu avec sa femme, dans leur maison désertée, située dans la commune d’Okuma, pour une cérémonie et des prières à la mémoire de son père défunt. Sur des photos prises lors de la visite, le couple apparaît couvert de protections de la tête aux pieds : blouse, masque, sac plastique autour des chaussures. « Nous n’aimons pas trop y aller. La maison est abîmée, les animaux sauvages y entrent, nous avons été cambriolés. Il n’y a rien à faire, à part prier, laisser des fleurs et regarder. La dernière fois, on est restés 20 minutes, et on est repartis. »...

...« Ce que nous observons en pratique, c’est que dans ces soi-disant “zones décontaminées”, 90 % du territoire reste contaminé. La région possède beaucoup de forêts, qui sont impossibles à nettoyer. Les gens vont donc revenir dans des zones constituées d’îlots et de couloirs décontaminés, alors que le reste est toujours irradié, accuse Jan van de Putte, expert nucléaire de Greenpeace, interviewé dans le petit bureau de l’ONG à Tokyo. Ce n’est pas un endroit où vous voulez laisser vos enfants jouer dans la nature. Nous pensons que les populations évacuées devraient au minimum avoir le droit de choisir de rentrer, ou pas. Mais le gouvernement leur impose son opinion, ce qui est totalement irresponsable. »...

...« Chez moi, les tatamis et le toit sont pourris. Je pense que quelqu’un y vit : j’ai retrouvé des baguettes utilisées et des bols de nouilles instantanées. Je lui ai laissé un message : “Cette maison est dangereuse, vous allez tomber malade…” » Mme Kowata a intenté un procès contre sa mairie et accuse son maire de contraindre ses administrés au retour alors que lui-même s’est construit une maison dans une zone sûre. « Le maire nous promet de l’emploi, il dit qu’il construira des usines et une ferme d’aquaculture… »...

...Yoshida Kuniyoshi, l’éditeur de revue, lance un avertissement similaire, en nous raccompagnant hors de sa petite salle de classe : « Vous, les Français, vous devriez réfléchir aux conséquences d’un accident nucléaire chez vous. Les villes que vous aimez, les souvenirs que vous chérissez… Un accident nucléaire peut tout détruire. Ici, l’industrie nucléaire a tué nos vies, et tout ce que nous ont légué nos ancêtres. »...

...Même écho chez les activistes de Greenpeace : « Contrairement à une idée reçue, les campagnes japonaises ne sont pas densément peuplées. À Fukushima, 230 000 personnes vivaient dans un rayon de 30 km. En Europe, la plupart des centrales nucléaires sont situées dans des régions plus peuplées. Un accident similaire en Europe aurait un impact beaucoup plus grave », remarque Jan van de Putte. Avec 73 % de son électricité produite par le nucléaire (au Japon : 28 % avant la crise, 0 % aujourd’hui), l’économie française est beaucoup plus dépendante de l’atome. Donc beaucoup plus vulnérable en cas d’accident. "

Publié dans Ecologie

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