Rejet des "migrants économiques" par l'Europe

Publié le par Laute Alain

D'un côté s'empilent les cercueils de l'autre les lingots d'or. Immigrations économiques ? Qui ?D'un côté s'empilent les cercueils de l'autre les lingots d'or. Immigrations économiques ? Qui ?

D'un côté s'empilent les cercueils de l'autre les lingots d'or. Immigrations économiques ? Qui ?

En Europe, l’accueil des « réfugiés » se fait au détriment des « migrants économiques »

17 septembre 2015 | Par Carine Fouteau Médiapart (extrait)

" La diffusion du terme « réfugié » pour désigner les milliers de personnes remontant les routes européennes en quête de sécurité a pour effet d'améliorer la perception que l'opinion publique se fait de ces migrants. Mais cette distinction produit aussi des effets délétères, dans la mesure où l'accueil des uns est conditionné au rejet des autres.

ur les routes européennes de l’exil, les migrants font tous face aux mêmes périls : ils risquent de mourir en mer, souffrent de la faim et de la soif, redoutent de se perdre dans les forêts obscures des zones frontalières des Balkans, manquent de s’étouffer dans des camions, esquivent les trafiquants. Mais, à l’arrivée, leurs destins divergent.

Les uns, au premier rang desquels les familles syriennes, et dans une moindre mesure les ressortissants du Moyen-Orient (Irakiens, Iraniens, Afghans et Pakistanais) et de la Corne de l’Afrique (Érythréens, Éthiopiens et Somaliens), sont perçus comme des réfugiés potentiels. Fuyant la guerre ou la répression, ils sont susceptibles de demander l’asile et, à ce titre, d’être accueillis – tant bien que mal – par les États membres de l’UE. Les autres – principalement originaires d’Afrique de l’Ouest – sont considérés a priori comme des migrants économiques qui, parce qu’ils ne fuient « que » la misère, n’ont pas « vocation » à s’installer en Europe. Une partition, hier imperceptible, aujourd’hui affirmée, s’opère dans les discours politiques de gauche comme de droite, entre les uns, bienvenus, à protéger d’urgence, et les autres, indésirables, à renvoyer dès que possible dans leur pays d’origine.

Le ministre de l’intérieur français Bernard Cazeneuve est l’un des premiers à avoir assumé cette « distinction », à en avoir fait une politique – jamais il n’utilise le terme « tri », trop chargé historiquement. Dès le printemps, il affirme que recevoir « dignement » les demandeurs d’asile implique de faire preuve de « fermeté » à l’égard des migrants « irréguliers ». Comme si l’accueil des uns ne pouvait avoir lieu qu’aux dépens des autres. « L’Union européenne a vocation à accueillir ceux qui fuient les persécutions ou les conflits. Elle ne pourra toutefois le faire dignement que si elle s’en donne les moyens, notamment en mettant en place une politique de retours ferme et ambitieuse », indique-t-il lors de la présentation de son plan sur l’hébergement des réfugiés en conseil des ministres le 17 juin. Devant le Bundestag, le 9 septembre, Angela Merkel reprend cette vision. « Ceux qui viennent en Allemagne pour des raisons de détresse économique ne pourront pas rester en Allemagne. Aussi dure soit leur vie, c’est pourtant la vérité », déclare-t-elle au moment où elle multiplie les selfies avec des demandeurs d’asile syriens. Toutes les détresses ne se vaudraient donc pas : certaines seraient plus acceptables que d’autres.

Le rejet à l’égard des « migrants économiques » n’est pas que théorique. Il se traduit d’ores et déjà, à l’échelon européen, par une décision qui, à la différence des quotas d’accueil, fait rapidement l’unanimité : la création de hotspots. Ces centres de tri, aux points stratégiques d’entrée dans l’espace Schengen (Grèce, Italie et Hongrie), devraient permettre à l’issue d’un premier entretien de séparer les demandeurs d’asile des personnes ne relevant pas de la Convention de Genève de 1951, relative au statut des réfugiés...."

(Je vous recommande la lecture complète de cet article sur le site de Médiapart)

Publié dans Politique

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