La laïcité au coeur (16-01/15 -- 16/01/16)

Contribution du 11 janvier 2015 re-publiée le 11 janvier 2016 sans modification du texte.

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Saint-Denis dimanche 11 janvier 2015

La laïcité au cœur!

Combien de temps encore les médias vont-ils s'évertuer à se faire les garants de la représentation religieuse et des religieux de tout poil sans trop se soucier d'un des pilier de la République, la laïcité ?

Les derniers événements gravissimes semblent inspirer la classe politique. Enfin ! Le mot est repris à l'unisson, mais pour combien de temps et pour quelle efficacité ?

Faudra-t-il toujours attendre l'accident pour installer des feux rouges ?

De ma part, il n'y a aucune intention de stigmatiser les médias et les journalistes, mais je trouve de plus en plus insupportable l'information qui nous ait livrée par les médias et à fortiori les journalistes. Il se passe rarement un journal télévisé sans que soit mis en exergue tel ou tel fait rattaché à une religion. Quand c'est trop, c'est trop !

On dirait que le mot laïcité était hier encore une injure, une insulte, qui fait peur. Nos médias osent à peine en débattre, seuls quelques journalistes s'y aventurent ce qui est peu en regard des enjeux de Société que ce débat implique. Il est bien regrettable que la nécessité d'être laïc et républicain revienne sur le devant de la scène après les meurtres ignobles commis contre notre République au nom d'une idéologie que je qualifie pour ma part de "fasciste".

Arrêtez les amalgames !

Nous ne sommes pas tous juif, flic, musulman, chrétien ou athée !

Nous sommes ou devrions être toutes et tous des Républicains, des démocrates, fier de notre liberté d'exprimer ce que nous ressentons en toute occasion.

Peut-être nous faudra-t-il inventer une pédagogie de la laïcité pour tous ?

La laïcité est le garant de tout ce qui semble aujourd'hui fédérer le pays.

Avec la laïcité, chacun est respecté parce que respectable.

La laïcité ne stigmatise pas celle ou celui qui se réclame d'une kipa, d'un turban, d'un voile, d'une croix, d'un croissant, ou d'une étoile, elle demande simplement de ne rien imposer aux autres.

La laïcité c'est précisément la tolérance pour tous de ne pas croire ou de croire, d'être athée ou agnostique.

La laïcité rejette l'exploitation des différences, elle les admets et ne les combat pas. La laïcité n'est pas une religion.

Elle rejette le prosélytisme sous toutes ses formes parce que contraire à nos principes de neutralité religieuse.

En aucun cas les lois religieuses prendront l'ascendant sur les lois de la République.

Il faut donner à chacun la possibilité de comprendre notre démocratie, qu'il existe des droits et des devoirs qui n'ont strictement rien à voir avec le religieux.

Notre République, parce qu’elle est laïque, préservent les droits de l'homme, garantie à chacune et chacun les mêmes droits et bien que dans la pratique ceux-ci soit perfectibles il appartient aux démocrates de les améliorer.

Pourquoi nos médias ne feraient-ils pas plus de cas de nos valeurs républicaines ? Personne ne s'y oppose.

Les quatre piliers de la République sont intangibles, mais comme ils suscitent toujours le débat, alors, allons-y sans crainte des contradicteurs, débattons en toute transparence !

Liberté, jusqu'où ? Demandent certains. En avons-nous trop ou pas assez ?

Égalité, avec 10 millions de pauvres en France et 5,2 millions de sans emploi, n'y a-t-il pas un ressentiment de frustration ? N'est-ce pas le creuset rêvé pour les idées d'extrême droite ?

Fraternité, alors que l'antisémitisme et le racisme primaire prend de l'ampleur, que les communautarismes et les idées d'extrême droite pourrissent notre démocratie.

Laïcité, quel sens peut-elle avoir quand elle n'est pratiquement jamais expliquée, désignée comme le pilier majeur garant de notre démocratie républicaine.

Osons le débat, donnons la parole au peuple, expliquons aux plus jeunes ce qu'est la République, ce qu'est la laïcité, l'égalité, la fraternité, la liberté.

N'est-il pas temps là aussi d'inventer une pédagogie de la République ?

Intégrons dans nos débats, les plus réticents parmi les adultes et demandons d'autre part aux médias de trouver un meilleur équilibre entre le "laïc" et le "religieux".

Notre République s'est doté d'une Déclaration Universelle des Droits de l'Homme qu'elle partage avec des centaines de Démocraties dans le monde entier.

Je me permet de traduire ici les trois premiers articles de la Déclaration. Rien qu'à partir de ces trois articles le débat d'actualité doit se poursuivre. Et puis l'article 30 que conforte l'actualité.

Article premier

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

Article 2

1 - Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.

2 - De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté.

Article 3

Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.

Article 30

Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme impliquant pour un État, un groupement ou un individu un droit quelconque de se livrer à une activité ou d'accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés.

La lecture du Préambule de la Déclaration constitue à lui seul une richesse extraordinaire pour alimenter le débat. Ce texte est remarquable d'humanité.

Nous qui, enfants et ados, avons eu la chance, le privilège de "baigner" dans ce milieu de traditions républicaines, laïques ou religieuses, avons plus ou moins bien intégrer des valeurs essentielles pour qu'adulte le vivre ensemble et le respect d'autrui soit une constante de notre vie.

Alors, en prenant un peu de recule, on peut admettre aussi qu'il faille faire preuve d'un peu d'indulgence pour que d'autres moins "chanceux" de ce point de vu, aient le temps de s'éduquer et d'éduquer à leur tour.

La citoyenneté est un privilège qui n'est pas donné à tout le monde. L'absence de cette citoyenneté est un obstacle à la démocratie, au développement normal d'une personne au sein de notre société.

Cela aussi doit évoluer si l'on veut que notre société devienne meilleurs.