Juif à Marseille et ailleurs...dur, dur !

Publié le par Laute Alain

Etre juif à Marseille

5 mars 2016 | Par Rachida El Azzouzi (extraits).

Deux agressions au couteau en quatre mois. Un lycéen écroué pour avoir maintenu en classe que les attentats sont l'œuvre des juifs et un professeur en garde à vue pour avoir inventé une fausse attaque antisémite surmédiatisée. À Marseille, une partie des juifs aborde l'avenir avec inquiétude.

Albert (*) a pris la mesure de « la peur » qui lui nouait les tripes dans le métro quand, soudain, il a grondé son fils qui fredonnait une comptine en hébreu : « Tais-toi malheureux. On va nous repérer. » Jusque-là, il croyait et il voulait être « au-dessus de cette angoisse » qui paralyse, à chaque attentat terroriste ou agression antisémite, nombre de Français de confession ou culture juive. Il rassurait sa femme. Conseillère principale d’éducation (CPE) « dans un collège public difficile où c’est chaud de dire que tu es juif », elle est « hyper anxieuse ». Depuis l’affaire Merah, « depuis qu’un type a tué des écoliers à bout portant parce qu’ils étaient juifs » : « Le samedi matin, elle peut me faire une crise si je me rends dans une synagogue qui n’est pas gardée par l’armée. »

Mais Albert « ne peut plus faire comme si la peur n’était pas là ». « On est le canari dans la mine, l’objet expérimental, celui qu’on tape avant la société », lâche-t-il, en veillant à ce que ses deux enfants qu’il vient de récupérer à la sortie de l’école ne l’entendent pas. La cinquantaine, pratiquant, il ne porte « aucun signe visible », ni barbe, ni kippa, ni étoile de David au cou. Mais il est « ébranlé ». Un de ses pairs, enseignant comme lui dans une école juive, a été agressé à Marseille, dans cette ville-monde métissée qui brasse les cultures, les religions, où il « pensait que les juifs même les plus reconnaissables vivaient en paix et en sécurité ». Pas comme la région parisienne qu’il a fuie avec sa famille il y a quelques années, à l’aube des années 2000, de la deuxième intifada palestinienne, des incendies de synagogues et des agressions de rabbins.

C’était il y a un peu plus d’un mois, le 11 janvier, à l’heure où la France allumait les bougies en mémoire des victimes des attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et du supermarché HyperCacher, porte de Vincennes. Dans le paisible neuvième arrondissement, un lycéen de 16 ans, bon élève, inconnu de la police et de la justice, attaquait à la machette Benjamin Amsellem, un enseignant en matières juives. Il l’avait repéré à sa kippa sur la tête et il l’a cogné « au nom d’Allah et de Daech » après s’être radicalisé seul sur internet, au grand effroi de ses parents, des Kurdes de Turquie (que leur fils considère comme de « très mauvais musulmans »). Benjamin Amsellem doit son salut à sa Torah brandie en bouclier vers le ciel et à des passants qui mettront l’adolescent en fuite avant que la police ne le rattrape. Un mois après, il cherche à déménager avec sa femme et leurs cinq enfants, « voit un psy pour se débarrasser du regard de haine » et fuit la presse. Le lycéen, lui, est derrière les barreaux, son cas entre les mains de la section antiterroriste du parquet de Paris..."

(Lire l'intégralité sur le site Mediapart).

 

Publié dans Société

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article