La crise grecque se poursuit

Publié le par Laute Alain

Les représentants grecs inquîets, il y a de quoi. Pauvre peuple soumis à l'austérité depuis des années.

Les représentants grecs inquîets, il y a de quoi. Pauvre peuple soumis à l'austérité depuis des années.

La crise grecque repointe son nez

27 avril 2016 | Par martine orange (Mediapart).

Les relations entre la Grèce et ses créanciers sont à nouveau au plus bas. Les Européens ont décidé d’annuler une réunion de l’Eurogroupe, estimant que les mesures présentées par Athènes étaient insuffisantes.

L'accalmie aura duré neuf mois. Les relations entre la Grèce et ses créanciers sont à nouveau au plus bas, depuis la signature du troisième plan de sauvetage en juillet 2015. Faute d’avancée significative, la réunion de l’Eurogroupe, qui devait se tenir jeudi, a été annulée. Les ministres des finances européens estiment que le gouvernement grec n’a pris les mesures d’économie suffisantes permettant d’autoriser le déblocage des crédits d’urgence.

Placé à nouveau dans une situation financière critique, le gouvernement grec a adopté des dispositions d’urgence, comme il l’avait fait il y a un an. Il a recommencé à puiser dans les fonds des organismes publics pour faire face à ses dépenses courantes. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a réclamé mardi 26 avril la tenue « rapide » d’un sommet extraordinaire des chefs de gouvernement de la zone euro pour discuter de l’exécution du troisième plan de sauvetage.

La responsabilité de convoquer ce sommet européen est du ressort du président du conseil, Donald Tusk. Mais le ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble, sans doute échaudé par le dernier sommet de juillet 2015, lors duquel sa ligne de fermeté prônant la sortie de la Grèce de la zone euro avait été repoussée, a d’ores et déjà estimé qu’un tel sommet était inutile. Pour lui, la question de la dette grecque est du « domaine de compétence » de l’Eurogroupe, où il sait bénéficier de nombreux soutiens. Donald Tusk semble sur cette ligne. Il s’est déclaré en faveur d’une nouvelle réunion de l’Eurogroupe sur la Grèce « dans les jours et non dans les semaines qui viennent ».

Les désaccords entre l’Europe et le gouvernement grec portent sur les nouvelles exigences présentées par les créanciers internationaux du pays. Vendredi dernier, lors de la dernière réunion, l’Union européenne, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque centrale européenne (BCE) ont demandé au gouvernement d’Alexis Tsipras d’adopter de nouvelles mesures d’économie approuvées par le Parlement, qui puissent être mises automatiquement en œuvre si Athènes ne respecte pas ses objectifs budgétaires.

Parmi ces objectifs figure notamment un excédent budgétaire (avant service de la dette) de 3,5 % par an, jugé irréaliste par de nombreux économistes. Sans ces mesures additionnelles automatiques, qui passent notamment par de nouvelles diminutions des retraites et des salaires publics, les créanciers refusent de débloquer de nouveaux prêts ou d'ouvrir des discussions sur un allègement de la dette grecque.

La porte-parole du gouvernement grec, Olga Gerovassili, a accusé mercredi le FMI de miner les efforts entrepris pour parvenir un accord. « Le gouvernement, a-t-elle expliqué, est prêt à discuter de la mise en place d’un mécanisme automatique de réduction des dépenses. Mais il n’ira pas au-delà. » Le gouvernement grec estime notamment que des mesures votées par anticipation et mises en œuvre automatiquement sont anticonstitutionnelles.

Le président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker, a apporté son soutien à Alexis Tsipras dans ce nouveau bras de fer. Selon lui, les créanciers commettent une erreur en demandant de nouvelles mesures d’économie, après tout ce que le gouvernement grec a déjà accepté. Le plan demandé par les créanciers n’est ni raisonnable ni constitutionnel, a-t-il déclaré.

Le gouvernement américain s’est invité mercredi dans la discussion. Interrogé sur la situation, le sous-secrétaire d’État aux affaires internationales, Nathan Sheets, a déclaré que la Grèce n’aurait pas accès aux crédits exceptionnels du FMI dans la prochaine phase de son plan de sauvetage, appuyant ainsi la volonté de l’organisation internationale de se retirer du sauvetage de la Grèce. Il a ajouté que le Trésor américain soutenait la demande du FMI d’une restructuration de la dette grecque, accompagnée de plus de réformes, afin d’assurer le succès du plan de sauvetage.

Ces nouvelles tensions ont fait l’effet d’une douche froide auprès des investisseurs financiers, qui redoutent de revoir la crise grecque, saison 6. Beaucoup craignent que le dossier ne connaisse aucune évolution notable jusqu’au référendum britannique du 23 juin. « Les Européens sont tétanisés par un éventuel Brexit. Ils ne veulent prendre aucune décision jusque-là. La Grèce risque d’en faire les frais », explique une note de Barclay’s.

 

Publié dans Politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article