Gattaz et le Medef, attaques frontales

Publié le par Laute Alain

Tous les patrons sont syndiqués, pas les salariés, encore trop sous la domination des patrons

Tous les patrons sont syndiqués, pas les salariés, encore trop sous la domination des patrons

Quand Pierre Licencieur contredit Pierre Gattaz

Gérard le Puill Mercredi, 1 Juin, 2016 Humanite.fr

Recueilli par Emeline Cazi, le Témoignage d’un dénommé Pierre était en dernière page d’un supplément du Monde des 29 et 30 mai intitulé « l’époque ».C’était la veille de l’entretien accordé au même journal par Pierre Gattaz, président du MEDEF. L’autre Pierre est un « consultant en restructuration dans un cabinet de conseil parisien ». Il a 38 ans. Vu la manière dont il parle de son métier, on l’appellera Pierre Licencieur.

Parlant de la CGT Pierre Gattaz déclarait ceci dans Le Monde du 31 mai: « Il faut tout faire pour ne pas céder au chantage, aux violences, à l’intimidation, à la terreur. Ce n’est pas ma conception du dialogue social mais c’est visiblement celle de la CGT. Faire respecter l’Etat de droit, c’est faire de sorte que les minorités qui se comportent comme des voyous, comme des terroristes, ne bloquent pas tout le pays. Certains de leurs agissements relèvent du pénal », disait aussi le président du MEDEF.

La veille, Pierre Licencieur déclarait tout de go au même journal: «Mon job, c’est d’aider les entreprises à virer les gens. Si je veux être provoc ‘ en soirée, voilà ce que je réponds lorsqu’on me demande ce que je fais dans la vie. Quand je souhaite être plus discret, je me présente comme conseiller en ressources humaines (.. .)Je pense avoir viré plusieurs milliers de personnes depuis le début de ma carrière. J’essaie de ne pas trop y penser (…) Avec le temps j’ai appris à me protéger (…)

Mais ma hantise est de croiser une personne que j’ai fait partir. Ou pire, de virer quelqu’un que j’ai déjà licencié ».

Il racontait ensuite quelques expériences dont une dans une filiale de Scheider Electric où il a viré 100 personnes sur 180. Puis il a travaillé beaucoup pour un « fonds franco-luxembourgeois, spécialisé dans le rachat de sociétés en difficulté. Pendant quatre ans, j’ai fait trois à quatre plans par an», précisait-il. Il racontait aussi comment une directrice des ressources humaines d’une entreprise pharmaceutique qui licenciait 250 personnes a fait appel à lui, paniquée, en voyant tous ces condamnés arriver tour à tour devant elle « avec un badge avec leur prénom et leur nombre d’années d’ancienneté ».

Dans le Monde du 31 mai, Pierre Gattaz affirmait encore: « On ne peut pas laisser une minorité agissante, révolutionnaire, paralyser l’économie. C’est la capacité de la France à se réformer qui est en cause. Pour moi le sigle CGT est égal à chômage ». Il disait ensuite qu’il « ne faut surtout pas toucher à l’article 2 » de la loi El Khomri car « c’est la seule disposition intéressante qui subsiste après les réécritures successives du texte. Il fait prévaloir l’accord d’entreprise et permet de négocier avec les salariés des règles adaptées aux réalités du terrain ». On devine l’usage qui en sera fait sous la pression d’un chantage permanent aux licenciements pour obtenir des concessions sous forme de blocage des salaires, de flexibilité en termes d’horaires, de licenciements de seniors, voire d’heures supplémentaires sous payées.

D’ailleurs, Pierre Licencieur ne semble pas d’accord avec le président du MEDEF sur ce sujet. S’agissant des Plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui sont avancés dans beaucoup d’entreprises où on prétend sauver quelques postes en supprimant beaucoup d’autres, il expliquait ceci : « Tous les PSE ne sont pas justifiés. Certains servent à améliorer les résultats de l’entreprise(…) La durée avant le retour à l’emploi s’allonge. Les plans seniors se multiplient. Notre pays pâtit de nombreuses idées reçues. Entendre les investisseurs dire que la France est socialement plus compliquée que l’Allemagne ou la Grande Bretagne me rend hystérique. Les rémunérations n’y sont pas forcément plus élevées. Les règles sociales sont différentes, mais pas forcément plus contraignantes. Il est dit qu’on travaille moins qu’ailleurs, c’est pourtant complètement faux. La France est un des pays où l’on travaille le plus au monde».

A l’insu, ou pas, de son plein gré, ce mec donne finalement raison à la CGT

 

Publié dans Politique

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